On pourrait presque manger dehors...
Sous ce clément Octobre, je suis quasi certaine que, cette semaine,
nous avons été nombreux et nombreuses à penser ou dire...
à l'instar de Philippe DELERM dans son magnifique recueil
"La première Gorgée de Bière"
et autres plaisirs minuscules"
« On pourrait presque manger dehors
La phrase vient toujours au même instant.
Juste avant de passer à table, quand il semble qu’il est trop tard pour bousculer le temps,
quand les crudités sont déjà posées sur la nappe.
Trop tard ? L’avenir sera ce que vous en ferez.
La folie vous poussera peut être à vous précipiter dehors,
à passer un coup de chiffon fiévreux sur la table du jardin,…
.... Ou bien vous vous résignerez à déjeuner au chaud
les chaises sont bien trop mouillées, l’herbe si haute…
Mais peu importe. Ce qui compte, c’est le moment de la
petite phrase.
On pourrait presque…
C’est bon, la vie au conditionnel,
comme
autrefois, dans les jeux enfantins :
« On aurait dit que tu
serais… »
Une vie inventée, qui prend à contre-pied les certitudes...
... Un petit vent de folie sage qui change tout sans rien changer…
Parfois, on dit
« On aurait presque pu… » Là, c’est la phrase triste
des adultes qui n’ont gardé en équilibre, sur la boîte de Pandore, que la nostalgie.
Mais il y a des jours où l’on cueille le jour au moment flottant des possibles, au moment fragile d’une hésitation honnête,
sans orienter à l’avance le fléau de la balance.
Il y a des jours où l’on pourrait presque."
et aujourd'hui, je peux, je dois...
la vie m'offre mes 55 ans !