NOUS LES FILLES
grâce à Corinne et à ses mailles de la solidarité,
j'ai repris les aiguilles, retrouvé l'apaisement que procure le tricot
... au coin du feu... "Radio Nostalgie" en fond sonore...
et l'instant douceur du "Chérie, si je nous faisais un thé..."
Cette pause "tricotage" me donne l'occasion de vous faire partager une "émotion lecture"
"Nous les filles" de Marie ROUANET.
Pour reprendre les mots de Bernard RAPP à l'époque de sa parution :
"Il y a dans ce livre un parfum d'éternité"
Toutes les "quinquas et plus" devraient partager cette émotion
qui, je l'espère, vous donnera l'envie, le désir, de découvrir ce livre...
Petit extrait sur le tricot et son apprentissage :
"... A sept ans, toutes les fillettes savaient tricoter. C'était aussi indispensable - et inévitable - que la marelle (...) N'ayant pas appris à la même école - qui de sa grand-mère, qui de sa mère, qui d'une autre fille - nous avions des techniques différentes pour tenir les aiguilles, tenir la laine dans la main et en doser le déroulement, passer la laine sur le bout pointu. Il y avait celles qui tenaient l'ouvrage par-dessus, tous les doigts posés sur les aiguilles et au-dessus du tricot déjà fait, celles qui, comme moi, tricotaient les mains comme enfouies dans le tricot exécuté. Certaines faisaient passer le fil venu de la pelote entre l'annulaire et l'auriculaire, d'autres lui faisaient faire un tour complet autour de l'auriculaire. Certaines, à chaque point, dégageaient complètement la main droite, lui faisaient quitter l'ouvrage pour passer la laine sur l'aiguille, d'autres se contentaient pour cela d'un geste de l'index, les autres doigts ne quittant pas le tricot, mais bougeant toutefois imperceptiblement. Toute la difficulté de l'apprentissage du tricot tenait d'ailleurs à tous ces mouvements invisibles et efficaces des articulations des doigts : phalange, phalangine et phalangette nous avait-ont appris et nous n'avions pas oublié cette si jolie série de noms. Nous débattions de nos méthodes au nom de la logique et de la commodité.
(...) Ma grand mère m'avait appris une manière merveilleuse de dérouler la pelote neuve, d'autant plus merveilleuse qu'encore aujourd'hui je n'en vois pas l'utilité véritable sinon celle de l'astuce, de l'originalité. Au lieu de commencer la pelote en prenant l'extrémité du fil glissée sous la bande de papier, elle allait chercher au milieu du huit - la pelote de laine ressemble au chiffre huit - l'autre bout de la laine et la déroulait "de l'intérieur". Elle plongeait l'index et le majeur dans la masse moelleuse et ramenait ce bout caché comme un prestidigitateur. A mesure que son tricot avançait, la pelote maigrissait, la ceinture de papier devenait lâche et vers la fin, la pelote transparente montrait l'agencement mécanique de la laine, magnifique de complexité...."
A VOS AIGUILLES LES FILLES !