toujours aussi "emBOBINée"...
"... vers le visage en extase de l'éternel :
un verger propose les poèmes inspirés de ses arbres fruitiers,
la prose d'un potager aligne ses dictées
annotées à l'encre rouge d'un fraisier,
et la Bible grande ouverte d'un pré, enluminée de marguerites et de boutons-d'or,
est déchiffrée tout le jour par des centaines de papillons théologiens.
Il y a aussi une serre que son père a fait construire pour Emily,
une étroite chapelle de verre
qui lui permet de poursuivre sa conversation
avec les fleurs rares au plus fort de l'hiver.
Emily a deux tables sur lesquelles elle aime écrire,
l'une dans sa chambre, l'autre dans le salon.
Un chèvrefeuille appuie ses arabesques contre la vitre du salon et,
par la fenêtre entrouverte de sa chambre, l'été, du côté du pré,
les chants qui s'élèvent du sorbier aux oiseaux bénissent son écriture.
Les poèmes serrés sur le papier diffusent la même lumière d'or
que le blé rassemblé en meules dans le pré.
Ce ne peut être le paradis puisque l'on doit mourir.
C'est quelque chose qui y ressemble...". (Ch. BOBIN -Emily DICKINSON - la Dame Blanche)